Le 14 décembre 1925, à la tombée de la nuit, Battling Siki quitte son domicile du 361 de la 42e rue Ouest, informant sa femme qu’il va « faire un tour avec des amis ». Vers minuit, plusieurs témoins le voient errer dans le quartier de la neuvième Avenue. À 2 h 30, il se trouve dans la zone de Hell’s Kitchen lorsqu’un policier, John Meehan, le croise en voiture et s’arrête pour vérifier qu’il va bien. Quatre heures plus tard, ce même policier retrouve un homme au sol, sur le ventre, la tête contre le trottoir, devant un immeuble de la 41e rue. Après avoir retourné l’homme, il découvre qu’il s’agit de Battling Siki. Sentant encore des battements de cœur, il appelle le Dr Bassaton de l’hôpital de New York. Les policiers du poste de la 30e rue Ouest arrivent simultanément et, après un examen, le médecin déclare que Siki est décédé des suites d’une hémorragie interne causée par deux balles d’arme à feu.
L’enquête policière
Le corps est transporté à la morgue, et une enquête est ouverte. L’arme du crime, un revolver de calibre 32, est retrouvée devant un immeuble de la 41e rue, et un porteur de journaux affirme avoir entendu les coups de feu, apercevant un homme en manteau clair fuyant la scène. L’autopsie révèle que deux balles ont atteint son poumon gauche et ses reins, et que le boxeur souffrait de pleurésie et d’une anémie importante. Sa femme, Lilian, déclare dans les journaux que son mari était « un bon garçon, juste facétieux, sans malice ». Le meurtre, dont les circonstances ne laissent aucun doute, est attribué à des tirs dans le dos, effectués à bout portant.
L’enquête policière se concentre rapidement sur un suspect : Martin Maroney, un jeune homme de 18 ans, qui aurait avoué, devant un policier sous couverture, être responsable du meurtre. Il aurait partagé une consommation avec Siki et se serait retrouvé avec lui lorsqu’il aurait été abattu par deux hommes. Cependant, après sept mois de détention, Maroney est libéré faute de preuves concrètes. Le mystère reste entier et personne n’est officiellement inculpé pour ce crime.
L’affaire est alimentée par diverses spéculations dans la presse. Paris-Soir évoque des coups de rasoir avant que l’hypothèse d’une vengeance liée à un match arrangé avorté prenne le relais, bien qu’aucune preuve ne vienne confirmer cette thèse. Des décennies plus tard, certains, comme Ocania Chalk, avancent l’idée que Siki aurait été victime de racisme après des altercations dans un bar. D’autres, comme Peter Benson, penchent pour l’implication d’un gangster, expliquant l’absence de l’identité du tueur.
Le 17 décembre, lors de son enterrement, le révérend Adam Clayton Powell Sr. critique la société pour sa responsabilité dans la tragédie de Siki : « Aucun homme venu d’Afrique n’a eu une vie plus dramatique et une mort aussi tragique. Les deux erreurs de sa vie ont été son manque d’éducation et de cause noble. Notre civilisation est en grande partie responsable de ces erreurs ». Son cercueil, recouvert de couronnes de fleurs, est accompagné par celles de sa femme, de son ancien manager Bob Levy et d’un club français.
En 1993, les restes de Battling Siki, initialement enterrés dans une fosse commune de New York, sont rapatriés au Sénégal, à l’initiative de José Sulaimán, alors président du World Boxing Council (WBC).
Vie privée
En 1920, pendant qu’il multiplie les combats aux Pays-Bas, Battling Siki rencontre Lijntje van Appelteer, qui devient sa compagne. En 1921, alors que Lijntje attend leur enfant, le couple s’installe à Paris, près de la porte d’Orléans. Le 16 décembre 1921, leur fils Louis naît. Dans un article publié dans L’Auto en septembre 1922, Battling Siki parle de sa vie privée : « Je suis Sénégalais et j’en suis fier. Ma femme est hollandaise, blonde, aux yeux bleus. Nous nous aimons profondément, et maintenant que notre petit Louis est né, la vie est encore plus douce ». Il évoque ses projets pour l’avenir, imaginant une vie paisible avec sa famille dans la campagne française lorsque sa carrière de boxeur serait terminée.
” L’affaire de la mort de Battling Siki est rapidement alimentée par des spéculations dans la presse, avec des hypothèses de coups de rasoir ou de vengeance liée à un match arrangé avorté, mais aucune preuve ne vient confirmer ces théories. Des décennies plus tard, des voix, comme celle d’Ocania Chalk, évoquent l’idée que Siki aurait été victime de racisme après des altercations dans un bar. “
Son fils Louis
En juillet 1924, après un mariage avec Lillian Werner à New York, Battling Siki est accompagné de son entraîneur, William Georges Kinelle, et de son épouse pour officialiser son union, bien qu’il parle peu l’anglais.
Son fils Louis, devenu français en 1943, fait l’objet de scandales lorsqu’il est condamné à cinq ans de prison en 1945 pour avoir agressé un Polonais à l’aide d’une lame de couteau chauffée au feu.
Palmarès
Il reste difficile de vérifier l’exactitude du palmarès de Battling Siki, celui-ci étant souvent décrit comme imprécis, en partie parce qu’il ne possédait pas un registre détaillé de ses combats avant la guerre. En 1922, L’Auto qualifie son bilan de « vague » et incertain.